31 Dec 2010

Bilan 2010...


La fin d’année est l’occasion de faire le point sur ce que je retiens de 2010. Dans la mesure où j’ai donné des nouvelles fraîches de Mademoiselle Sane et Benjamin Dantès il y a un mois, je me concentrerai cette fois sur Emilie Chick et OK Go. Et Unicum aussi bien sûr.

(c) Stéphane GINER
2010 a commencé en trombe pour Emilie, avec la sortie de son premier album solo, dont les bandes étaient retenues depuis 18 mois par un presseur de CDs auto-proclamé label qui a depuis mis la clé sous la porte. «This is Emilie Chick Speaking…» est sorti le 3 mars en physique chez l’excellent distributeur indé La Baleine et le 22 mars en digital chez l’incontournable Believe. Quelques très bons articles (Tsugi, Vibrations..), mises en avant (Qobuzz, Amazon) et dates (Le Réservoir, La Maroquinerie en 1ère partie de Beast..) plus tard, elle s’est vue décerner le « Coup de Cœur de la Presse Musicale Européenne » du concours Europavox/Adami/Deezer de Talents et accueillie chez Nous Productions.

Nous avons tourné le clip de « Scholarship» en mai avec SOBAM, jeune boîte de prod aux idées fraîches, et le résultat est à la hauteur de nos espérances, unanimement salué comme étant la preuve « qu'on peut être drôle, intelligente, féministe, sexy et traduire le tout dans un petit chef-d'œuvre de bricolage maison. » (Isabelle Chelley)

Et parce qu’Emilie a des amis formidables et ultra-doués, ils lui ont chacun remixé un titre (« Scholarship » ou « The Next Day »). C’est ainsi que « Remixes : Part I » est sorti en digital le 15 novembre dernier avec des remixes de Charles Webster, Atjazz, Jéronimo et Xeum. Et « Remixes : Part II » est prévu pour février 2011 avec Charles Webster (encore :) ), Son of Kick, Mr. Fish et Senbeï (membre central de Tha New Team et Smokey Joe & The Kid).

Enfin, les connaisseurs de deep house et fans de Charles Webster et Atjazz savent qu’ils ont un side-project avec Emilie, sous le nom de VERSION. Ils ont sorti «Nothing» sur Miso Records le 11 novembre avec un très beau succès dans les charts spé (top 3 sur Traxsource).

Emilie est en studio cette semaine pour enregistrer 4 nouveaux titres incroyables à paraître au premier trimestre 2011. En parallèle, elle collabore avec Jéronimo, artiste franco-argentin assez hallucinant, sur un titre aux allures de classique soul métissée, ainsi qu’avec un duo de DJs producteurs italiens, Useless Wooden Toys, dans un tout autre registre et dont le résultat commence à prendre la forme d’une pépite dancefloor de très grande qualité.

Tous ces titres devraient sortir en 2011, qui s’annonce de bon augure : Emilie a hâte de vous les faire découvrir (et moi aussi) !

On ne peut pas dire qu’OK Go sera passé inaperçu en 2010 ! Fin mars, le groupe et EMI se sont quittés à l’amiable et OK Go a créé son propre label, Paracadute Records, distribué en France par Naïve, enchaîné des vidéos plus créatives que jamais et reparti sur la route défendre sa musique.



Damian Kulash, le chanteur et tête pensante du groupe, s’est fendu d’une série d’excellents articles pour des quotidiens américains prestigieux, du Washington Post pour défendre la neutralité du net, à laquelle le groupe doit beaucoup, au Wall Street Journal (oui, tout de même) pour expliquer la solidité de leur business model et montrer qu’il est à la portée de tous.

La force des membres d’OK Go est qu’ils ne s’intéressent pas seulement aux autres artistes mais qu’ils fréquentent aussi des ingénieurs de la NASA, des designers, des geeks et des architectes, parce que tout ce petit monde les fascine et que c’est ce bouillonnement intellectuel qui les inspire. C’est assez rare pour être mentionné.

Soutenu par des partenaires tant institutionnels que privés, le groupe a élargi le domaine des possibles cette année et été invité par le Musée Guggenheim pour fêter les 5 ans de Youtube. Surtout, OK Go a démontré que la créativité est centrale dans la réussite d’un groupe, que le business model et les critères de pertinence d’un artiste aujourd’hui ont irrémédiablement changé pour aller au-delà de la seule musique.

Si vous compter aller au MIDEM le mois prochain et que vous avez un moment, essayez vraiment d’assister aux panels auxquels participeront respectivement Damian Kulash et Jamie Kitman (manager d’OK Go) pour partager leur vision des choses. Leur témoignage sera précieux.

ET UNICUM DANS TOUT CA?                                              
Nous avons commencé l’année en signant un contrat cadre avec Believe qui nous permet de sortir en digital les albums de tous les artistes avec lesquels nous travaillons s’ils le souhaitent.

Nous sommes très heureux d’avoir lancé Unicum Publishing et très fiers d’éditer des auteurs/compositeurs et œuvres de grande qualité. De l’électro groove hip-hop du redoutable tandem Emilie Chick/Tony Cochet à la chanson française piquante et attachante de Mademoiselle Sane (Aurélie Goepfert et Nicolas Trajan) ou encore l’électro minimale de Xeum, DJ compositeur incontournable à Shanghaï, leurs œuvres sont toutes différentes, toutes Unicum.



Nous avons également lancé de nouveaux services à des prix extrêmement abordables : nous faisons de la clearance de titres ou de samples (notamment pour des DJs qui utilisent des samples souvent très connus aux multiples ayants-droit dans leurs mixes) et, pour les artistes qui en ont assez de bidouiller par ci par là avec leur myspace ou un site internet en html/flash, nous proposons la création de tous les différents éléments essentiels d’une visibilité d’artiste sur le web avec une formation simple et rapide afin de rendre le contrôle de sa communication à l’artiste.

Et en sus du site internet et de l’appli iPhone gratuite Unicum (merci Appcookr), j’ai lancé ce blog : c’est un vrai plaisir de pouvoir présenter les artistes plus en détail ou de pouvoir partager mes coups de cœur musicaux du moment.

La très bonne surprise de fin d’année est arrivée lorsque l’excellent ownimusic a repris mon article « Idioties #2 » sur son site et sur Owni le 28 décembre. Je les suis régulièrement, c’est un véritable honneur pour moi, n’hésitez pas à y faire un tour et le commenter : si cela peut faire avancer le débat et changer les choses, c’est l’essentiel !

Bonnes fêtes de fin d’année à tous et à l’année prochaine !

30 Dec 2010

Jumble fair #3



I just felt like sharing my top 10 songs of 2010. So here goes :
#2 - Pogo "Wishery"

#4 - Discodeine - "Synchronize" (Feat. Jarvis Cocker)

#5 - Fuck Buttons "Surf Solar"

#9 - Janelle Monae "Tightrope (Feat. Big Boi)"

#10 - 50 Cent "Down On Me"

17 Dec 2010

Idioties #2


Il est 00h35 et j'ai sûrement mieux à faire que venir poser cette question mais vraiment, ça me taraude trop.

Pourquoi et même comment est-ce qu'une major peut encore faire ça en 2010?
Ca m'exaspère.

Le cas qui me fait réagir est "typiquement prodigieux" (expression savoureuse que j'emprunte humblement à un délicieux restaurant à Essaouira au Maroc qui se définissait tel quel).

- Une major a l'un des 15 artistes qui pèsent le plus dans le monde en ce moment.
- Elle a la chance qu'il sorte un énorme tube qui parle de Noël juste avant Noël.
- Et que les gens ne veulent qu'une chose : l'écouter, encore et encore. La chanter sous leur douche le matin et l'entendre à la radio le soir. La partager avec leurs amis parce qu'elle représente quelque chose d'important pour eux.

Mieux :
- Dès la 1ère diffusion, tout le monde s'est rué sur la toile pour l'avoir.
- Des dizaines, centaines (plus?) de personnes l'ont tellement aimée qu'ils l'ont spontanément synchronisée sur une photo de l'artiste trouvée je ne sais où et postée sur leur compte Youtube.

Quel est le problème me demandez-vous?
Sur quel média allait essentiellement se faire ce partage d'un titre lancé il y a moins de 24h? Sur le net, forcément.

Vous vous dites que le titre d'un artiste majeur et ce, d'autant plus s'il est saisonnier (Noël), étant passé à la radio, il serait disponible à l'achat ou en pré-achat sur les sites de téléchargement légal. Référencé sur les sites de streaming. Que nenni. Même pas posté par la maison de disque sur le compte Youtube de l'artiste - ou mieux en home page de son site ? Non plus. Il n'y est question que de l'album officiel sur lequel ce titre n'est pas, donc il n'apparaît pas.

Ah.

Mais les fans ne veulent pas attendre.

Le partage est social et spontané, impulsif même.

Les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook sont les meilleurs exemples de cela. Et le meilleur moyen de partager une oeuvre de manière impulsive et immédiate en 2010 est un lien. Streaming plus que de téléchargement. C'est plus rapide. C'est accessible partout, même via son mobile maintenant. Et c'est légal 99% du temps.

Il y a sûrement des tas de sites spécialisés. Mais le commun des mortels veut juste un site qui permette l'accès et le partage d'une chanson qu'ils aiment. Et le site le plus accessible pour streamer de la musique audio pour des artistes très connus est paradoxalement Youtube. Ce n'est pas Myspace qui est surtout plébiscité par les artistes en développement.

C'est pour ça que je ne comprends vraiment pas comment ce genre de situation peut encore exister à quelques jours de 2011.

L'accès à l'oeuvre par son public est contrarié. 
Non pas parce que la chanson n'est pas réussie et qu'elle n'a pas suscité une frénésie immédiate, que l'artiste n'est pas identifié. Mais parce que la maison de disques de l'artiste reconnu et identifié à une échelle mondiale a peur du public qu'elle a dépensé tant d'argent à rassembler. Peur de ne pas / plus avoir le contrôle. Peur de ne pas rentrer dans ses frais tout de suite, de ne pas transformer leur investissement en vente / revenus sur le disque.

Vous ne rêvez pas: 

les seuls liens disponibles étaient créés par les fans et ...la major les a fait supprimer en 24h.


Si j'étais aux USA, j'aurais pu aller voir si le titre était disponible sur la page Vevo de l'artiste, mais comme Vevo (version Youtube officielle créée pour et en accord avec les maisons de disques qui permet de générer des droits d'auteur pour la maison de disque et l'artiste) n'est accessible que là-bas, la maison de disque n'a de toutes façons pas pensé à tous les fans de l'artiste vivant de l'autre côté de la frontière.
Peut-être même qu'elle a pensé que les non-Américains n'entendraient jamais la chanson, parce que culturellement, c'est différent. Je ne sais pas. Ca me paraît aberrant rien que de l'envisager.

Et tout ça pour quoi? 
Par manque de préparation de la part de la maison de disque. Par manque de compréhension de comment fonctionnent les fans de l'artiste, à savoir que leur premier réflexe serait d'aller sur internet pour chercher la chanson. Par manque d'anticipation ou de lucidité sur la réalité d'aujourd'hui : les fans doivent pouvoir écouter et acheter le titre le moment où il est diffusé pour la première fois, surtout si c'est à une échelle nationale voire internationale.

Je ne sais pas ce qui m'effare le plus. Si c'est le fait que la major raisonne encore par pays avec des frontières ou qu'elle n'ait pas anticipé le succès de son artiste en ne créant pas, à défaut de clip disponible, un montage vidéo officiel avec une photo ou un visuel un peu chiadé de l'artiste avec les infos essentielles (date de sortie + lien d'achat ou pré-achat).

Rien que de faire ça, ils auraient :
1/ canalisé le flux de fans
2/ optimisé les ventes
3/ généré des revenus de droits d'auteur pour l'artiste et eux-mêmes
4/ pu profiter de l'occasion pour se donner le beau rôle au lieu de rester dans un registre répressif
5/ évité qu'une personne aimant la chanson ne se sente pas à la fois frustrée de ne pas y avoir accès et défiée par la propre maison de disque de son artiste préféré
6/ évité qu'un fan désireux d'acheter/écouter/promouvoir l'oeuvre ne se retrouve à errer sur le net comme une âme en peine pour ne trouver son bonheur que sur des sites de téléchargement illégal.

Ce n'est pas mon genre de tirer sur une ambulance ou de tenir un discours anti-major. J'y ai travaillé par le passé et ça été une expérience essentielle, incontournable pour moi. J'y ai beaucoup appris et rencontré des gens formidables, intelligents, passionnés. Lucides sur l'état du marché, aussi. Faut pas croire.

Mais je suis aussi bien placée pour savoir que plus grosse est la machine, plus elle s'est centralisée dans l'espoir de simplifier ses procédures pour mieux gérer sa transformation à grande échelle... plus elle met de temps à s'adapter, parce que cela implique de changer des processus internes qui ont eux-même mis du temps à être en place.

Malheureusement, cela ne change pas ma question : combien de temps encore avant qu'elles n'en tirent les leçons? Combien de temps.

10 Dec 2010

Jumble fair #2


More links, videos, other. Just in time for the week-end. So...


The Dø - Slippery Slope
- I have to say, this post has been triggered by my sudden obsession for The Do's lastest video, that they premiered today. The colours and the light are beautiful, the singer strangely looks like actress Marina Hands and the music is exceptional.

- I'm glad I launched an advent calendar for Unicum as it's been a real treat to choose all the songs that make me think of Christmas. Some of them aren't Christmassy at all. No particular genre orientation. Just personal reasons. I like it like that. Hope you do too.

- Do you know what Quincy Jones' favourite motto is? "Life, love, laugh."

- My favourite dance track these last two (three?) weeks (months?!) has been Discodeine's "Synchronize" feat. Jarvis Cocker. 100% Positive Feelgood Vibes.


- As far as music industry news is concerned, I don't think the week could have ended in a nicer way than reading about Mute's company-consolidation plans now that it is back in the indie world. I'm ecstatic for Daniel Miller, actually. It's really not even about EMI (that all those lacking anything interesting to say nowadays think it's real smart to take aim at). My joy for Mute is really about their plans: it just seems like a long-awaited and long-overdue family reunion. With the right people at the right time in the right place. They will achieve greatness. Oh yes they will.

6 Dec 2010

China craves Indie


 As Xeum, my business partner, has been based in Shanghaï for the last 4-5 years, I asked him if he would write a short post about the indie music scene in China as he has an insider's perspective.                       Besides, DJ-ing all over China as a special guest to parties all over the country as well as for fashion shows and high-end brand launches, Xeum successfully started "LOgO" in Shanghaï 4 years ago, where he intensively programmed an eclectic mix of local and international bands until the club had to close last month due to its overwhelming success being a little too much to handle for the neighbours...

"THE EMERGENCE OF AN INDIE MUSIC MARKET IN CHINA
In the course of the last few years, the Chinese indie music market has been growing as locals seek different tastes and tend to be more independant with their choices of entertainment.

As the size and spending power of young Chinese consumers continues to grow, youth marketing has become a key trend for companies looking to grow their brands in China.

As the majors and other top 10 artists/DJ promoters have been around for a while, the youngsters express their personalities via the many youth oriented marketing companies (Split works) and the flourishing communication tools developped by Chinese companies for Chinese people (Douban, Neocha).

IS THE CHINESE MUSIC INDUSTRY REACHING AN INTERANATIONAL LEVEL OF RECOGNITION?
It is barely known that pop stars (Canto-Pop) from Hong-Kong and Taiwan have been ruling the scene in Asia for a long time already and that World Music artist Sa Dingding received a BBC Award.
Or that the GBOB international band competition was won last year in London by Rustic, an original jumping retro rock band from ....Beijing.

The indie rock scene in the capital has always been active and tends to inspire other cities (Shanghaï, Nanjing, Wuhan, Chengdu) to start their own scene.

Nevertheless, the local live music venues are still competing with a very established culture of karaoke and dice games but are programming more and more internationals and local indie bands.

This vitality expresses itself as well through the flourishing music festivals (Midi, Modern Sky), despite the difficulties to obtain permits, licences and authorisations for outdoor event, the local promoters organising tours all around China (Antidote, STD), and the creation of new live music venues (LOgO, Mao Live House)."

MORE ON THE SUBJECT
In the weeks leading to the last days of LOgO Shanghaï, Xeum was interviewed many times. The most complete interview was done by SmartShanghaï.
If you are interested in reading more, here are a couple of links for your information:
"Getting your music into China" : Max Willens at weallmakemusic recently wrote a 3-part article on the topic (from an American's perspective but what he writes is valid wherever you come from in the world) 
- "Mainstream, On Mass Culture" by Frédéric Martel : a fascinating book on how different parts of the world are gaining steam as solid entertainment industries preparing for world domination, of which Asia and it's complex subtleties.
-"The Many Faces of Chinese Indie Music", a podcast by Music-Dish : it will give you a good listen to the quality and diversity of the indie scene there.